Québec, le 22 janvier 2018 – Inquiets de la succession de dépassements d’émanations toxiques depuis quelques mois et de l’échec de la ville de Québec à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée dans ses plans de gestion des matières résiduelles depuis 2005, des citoyennes et citoyens, appuyés par des organisations écologistes et communautaires, demandent à la ville de Québec d’adopter sans tarder une Stratégie Zéro Déchet. Le Collectif Objectif Zéro Déchet, un comité de citoyennes et de citoyens formé depuis quelques mois suite à la décision de la Ville de Québec de ne pas respecter son engagement de fermer l’incinérateur en 2024, lance aujourd’hui le Mouvement pour une ville Zéro Déchet.
Il obtient déjà l’appui d’organisations communautaires et écologistes, dont les AmiEs de la Terre de Québec, Craque-Bitume, le Groupe de simplicité volontaire de Québec, le Comité de citoyennes et de citoyens du quartier Saint-Sauveur, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, l’Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain, ainsi que d’un organisme consultatif de la Ville de Québec, soit le Conseil de quartier de St-Roch. Le Collectif invite maintenant les résidants et résidantes de Québec à signer une déclaration d’appui. Il lance un site web pour informer davantage sur le sujet et recueillir les signatures.
Au début des années 2000, dans son document « Québec, une capitale exemplaire pour le 21e siècle », la Ville de Québec promettait qu’elle serait une ville exemplaire en matière d’environnement « d’ici 2008 », soit il y a 9 ans déjà. Malheureusement, c’est loin d’être encore le cas. Malgré les cibles fixées dans les derniers plans de gestion des matières résiduelles, nous n’y arrivons pas. Par exemple, en matière de recyclage des matières organiques résiduelles, la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles et son Plan d’action 2011-2015 prévoyaient l’atteinte d’un taux de récupération de 60 %. En 2013, pour la Communauté métropolitaine de Québec, ce taux était de seulement 29 %.
Selon le Mouvement pour une ville Zéro Déchet, la ville a fait trop peu d’effort depuis 15 ans pour sensibiliser réellement les résidentes et les résidents à la réduction à la source. Suffisamment d’efforts n’ont pas été faits pour encourager le compostage domestique et communautaire, pour réduire les quantités de matières organiques, réutilisables et recyclables jetées non seulement par les individus, mais aussi par les secteurs industriels, commerciaux et institutionnels. À l’heure où on vante aux citoyennes et les citoyens les vertus du « Zéro déchet », force est de constater que leurs gestes bien intentionnés ne pèsent pas lourds dans les statistiques.
« Un incinérateur, parce qu’il doit être alimenté 24h/24 en déchets pour demeurer fonctionnel (sans parler des contrats de vente de vapeur qui nous y obligent), empêche une véritable réduction à la source, pourtant une des premières priorités de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Nous ne pensons pas que la solution soit de déménager l’incinérateur ou d’enfouir les mêmes quantités astronomiques de matières au lieu d’enfouissement technique (dépotoir) de Saint-Joachim, mais de prendre les vrais moyens qu’il faut pour réduire ces déchets », souligne Mathieu Goulet, porte-parole du comité Zéro Déchet des AmiEs de la Terre de Québec et membre du Mouvement. Une Politique Zéro Déchet, en réduisant la quantité de déchets ultimes qui seront incinérés grâce à l’éco-conception à laquelle sont davantage incitées les entreprises, au compostage et au recyclage, autant par la population que par les entreprises et les institutions sur le territoire fait valoir le Mouvement.
Les promesses récentes de la ville de mettre en œuvre des solutions aux dépassements de rejets toxiques en investissant des sommes supplémentaires aux 70 millions $ déjà investis ont convaincu le Collectif de lancer un large Mouvement : « À chaque dépassement, le même scénario se répète depuis des années. On promet des solutions qui ne donnent pas les résultats promis », rappelle Jean-Yves Desgagnés, un des citoyens de Limoilou instigateur du Mouvement. « La Ville de Québec devrait adopter dès maintenant une stratégie Zéro déchet, comme l’ont fait d’autres villes en Amérique du Nord conclut » Jean-Yves Desgagnés.
Selon le Collectif, le fort intérêt que reçoit sa page Facebook lancée il y a quelques jours, ainsi que la popularité des initiatives personnelles et des communautés de partage de pratiques quotidiennes zéro déchet, démontre que la population est en avance sur ses représentant.e.s politiques. Le Mouvement pour une Ville zéro déchet, invite la Ville de Québec à s’inscrire dans celui-ci. Pour cela, un virage s’impose soit celui d’abandonner le projet de faire de l’incinérateur un centre de valorisation énergétique et d’investir plutôt dans des solutions éprouvées, tel le compostage, et des meilleures pratiques développées dans d’autres villes au Québec, au Canada, en Amérique du Nord et dans le monde.
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